Gaby est le fils de modestes agriculteurs corréziens, malgré des études supérieures de géographie appliquée, il n’a jamais quitté la petite ferme de ses parents, perdue dans les bois, où il prend maintenant sa retraite. Peu à peu, n’arrivant pas à intégrer l’éducation nationale à laquelle il se destinait à cause d’un profil psychologique autistique, il a tout abandonné et vit aujourd’hui à minima, sans bêtes, ni production, s’occupant d’un petit potager nourricier semi sauvage et des minces ressources que les bois des environs, lui procurent. Mais ce dépouillement précaire est aussi un choix de vie qui lui laisse le temps de découvrir et penser la nature qui l’entoure. Se promener dans les bois, observer et comprendre le monde vivant de la forêt, devient alors une occupation à part entière. A travers une approche qui peut paraître paradoxale, entre une rigueur presque scientifique et une indétermination libertaire, Gaby nous suggère une méthode et des chemins originaux pour participer à la préservation des ressources et la protection des milieux. Il nous propose des modèles alternatifs, très concrets, de sylviculture pour créer des milieux plus résiliants. Il nous explique comment ouvrir les espaces forestiers et diversifier les essences et les âges des peuplements en accroissant leur biodiversité. Des méthodes qui sont aujourd’hui théorisées par les ingénieurs forestiers mais qu’il a développé seul à son échelle. Détenteur de la mémoire de certaines anciennes pratiques paysannes, conservées de génération en génération à travers un patois occitan, Gaby est aussi un connaisseur averti de tous les recoins des forêts de sa commune. Expérimentateur autodidacte, il nous guide malicieusement à travers les bois, dans des promenades atemporelles, pour apprendre à lire et mieux comprendre la nature. Il réveille les souvenirs enfouis dans les ruines du passé, perdus dans la végétation. Il nous explique comment on y vivait simplement autrefois et nous propose de nouveaux comportements, plus respectueux des autres habitants, non-humains de la forêt. Gaby nous permet aussi de découvrir les petites choses importantes qui forment le socle d’une culture populaire – tradition orale, fonction et usage des objets et des outils oubliés mais aussi langage des gestes et des corps du labeur paysan.
